Fête de la science 5 octobre 2020

Fête de la science 5 octobre 2020

La biodiversité et nous :

derniers épisodes jusqu’au 5 octobre 2020

En février 2020, pour aborder le thème de la Fête de la Science 2020 « planète Nature », le Comité laïque du Nord a fait le pari d’aborder la biodiversité à travers l’état des connaissances scientifiques, mais aussi à travers les récits d’effondrements depuis l’Antiquité, qui ont marqué et marquent encore nos imaginaires. Deux façons de comprendre les rapports complexes entre les scientifiques et le reste de la société et d’éclairer des enjeux éthiques, sociaux, économiques, politiques, enjeux confirmés brutalement par la pandémie.  

.   Depuis février 2020, malgré les incertitudes de la situation sanitaire, l’équipe du Comité laïque du Nord, a assuré les recherches et contacts préparatoires en France et en Belgique, la recherche de documentation de vulgarisation (merci à l’Office français de la biodiversité à Compiègne pour l’envoi des brochures), la communication et l’organisation matérielle de la journée (location de la salle, inscriptions, montage de l’exposition, préparation de la salle, accueil…).

La pandémie nous a poussé à prévoir des modalités plus numériques : grâce au lycée J. Rostand à Roubaix, à l’entremise de M. Desfassiaux (CDI) et à la disponibilité de Y. Sahli, J. da Silva et G. Froidure (professeur et étudiants en BTS audiovisuel) qui ont assuré bénévolement la captation image – son et réaliseront le montage vidéo avec les documents des deux conférenciers.

Pour élargir l’audience ce ces travaux nous avons contacté les lycées J. Perrin à Lambersart et Faidherbe à Lille qui ont répondu positivement : C. Moreels et S. Henocq, professeures de SVT, ont fait des miracles pour organiser les rencontres avec plusieurs classes, et un grand merci à Hélène Soubelet d’avoir accepté ces deux interventions supplémentaires le même après-midi. Et enfin Lebiglemoi (Fives), malgré les délais très courts, a réussi préparer une table de libraire

Véganisme, collapsologie, survivalisme…                                           rumeurs, croyances et sciences :

    Comment développer des approches rationnelles de la biodiversité au temps des pandémies ?

La présentation de la conférence – débat :

Aujourd’hui nos sociétés sont appelées à repenser leurs rapports à la nature, c’est à dire les liens entre l’espèce humaine, les autres espèces et plus largement les environnements « naturels ». « Sauver la biodiversité » est devenu un slogan utilisé à tout propos. Mais la notion de biodiversité, souvent présente dans les débats, les médias, reste très floue dans l’esprit de beaucoup.   Elle donne lieu à des rumeurs et à des convictions fortes (véganisme, refus des vaccins..). Nos modes de vie peuvent ils la menacer ? la détruire ? La réduction de la biodiversité annonce-t-elle une augmentation des risques naturels ? la fin d’un monde ? la fin du monde ?

    Derrière ces questions se profilent de vieilles interrogations sur l’origine de l’espèce humaine, sur sa place et son rôle dans le monde du vivant, sur le caractère sacré (ou non) de la nature et de son équilibre. Au-delà des cosmologies anciennes et actuelles, en ces temps d’inquiétudes, de désarrois liés aux pandémies, aborder ces questions de façon scientifique est indispensable notamment pour éclairer les débats démocratiques et orienter les nécessaires transformations économiques et sociales. Régis Thyot et Hélène Soubelet aborderont ces questions sous deux angles différents :  les discours sur l’effondrement et l’état des connaissances scientifiques.

  Hélène Soubelet, docteur vétérinaire, diplômée d’études approfondies en pathologie végétale, directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, a participé aux ouvrages « Pesticides » et « Les sols » (éd. Quae) Elle a rédigé à destination des jeunes et du grand public « Sauvons la diversité », « Défis biodiversité » et « Sauvons les espèces menacées » (éd. Rustica).

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) créée en 2008 à la suite du Grenelle de l’environnement à l’initiative des ministères de la Recherche et de l’Environnement regroupe huit organismes de recherche (CNRS, BRGM,  CIRAD, IFREMER, INERIS, INRAE, IRD, MNHN), une entreprise (LVMH) et une université (Montpellier) .  Elle anime le comité national pour l’IPBES.   www.fondationbiodiversite.fr

             

La conférence-débat du lundi 5 octobre a réuni 48 participants (seulement 11 absents, certains excusés, merci à eux !). Les deux exposés très denses de Régis Thyot et Hélène Soubelet étaient soutenus par des diaporamas efficaces. Un débat a été trop court, beaucoup d’entre nous sont probablement repartis avec des questions, de quoi stimuler notre curiosité scientifique à venir !

48 participants espacés, mais attentifs à la MRES le 5 octobre 2020 de 18 h à 20 h.
Le 5.10 à la MRES la table du libraire Lebiglemoi (place Degeyter à Fives)

Biodiversité : pour aller plus loin

Liste très incomplète, n’oubliez pas l’encyclopédie internet collaborative !

présentations, biblio et webographies générales :                   

Muséum national d’Histoire naturelle :

http://edu.mnhn.fr/course/view.php?id=47&section=9

IPBES

https://ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment.  .

Ritimo

https://www.ritimo.org/Biodiversite-comment-inverser-la-tendance    biblio très variée, juin 2020 (sciences, grand public, pédago, etc)

Ministère :

https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/

et l’Office français de la biodiversité : 

www.ofb.gouv.fr plusieurs brochures grand public très riches

Fondation pour la recherche sur la biodiversité :  

 www.fondationbiodiversite.fr et parmi ses membres :  Mnhn www.mnhn.fr  Cirad www.cirad.fr Ird www.ird.fr   Inrae www.inrae.fr  Université de Montpellier www.umontpellier.fr

Humanité et biodiversité :

www.humanite-biodiversite.fr notamment le livre blanc de 14 associations : « pour que vive la nature, le guide pour agir ».

pour les jeunes et largement au-delà !     

Les ouvrages d’H. Soubelet (ed. Rustica), le dernier : Sauvons les espèces menacées

Et les deux revues incontournables : La Hulotte et la Salamandre.

sur les espèces, la taxonomie, etc

Les espèces : https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3%A8ce#cite_note-56

La taxonomie : https://theconversation.com/la-taxonomie-cette-discipline-essentielle-a-la-comprehension-des-pathogenes-139685?

pour voir plus large :

le premier (!) Atlas de l’anthropocène : sur les différents aspects de la crise écologique (climat, biodiversité, démographie, mobilisations…) 2020 P.de Sciences Po, 25 €.

Penser l’anthropocène (dir. C.Larrère et R.Beau), Presses de Sciences Po 2018, 29 €

Les travaux de l’IDDRI transdisciplinaires, très riches, avec des approches sociales et politiques : https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements  notamment :   Santés et biodiversité : One health  notion lancée par l’OMS et la FAO  regroupant  les santés de l’environnement, des végétaux, des animaux et des hommes. Climats et biodiversité : comment prévenir une perte massive de biodiversité ?     

 Voir aussi à  l’IRD la rubrique SEE : https://www.mivegec.ird.fr/fr/equipes/

Histoire, biodiversité, nature(s) et culture(s) :

Rachel Carson : Printemps silencieux : dans les années 60 contre le DDT la naissance du mouvement écologique, 1962,  réédition 2020, 323 p. ed. Wildproject  14 €

Philippe Descola : Par-delà nature et culture 2005 rééd. 2016 + 2 articles en 2020  :

https://lejournal.cnrs.fr/articles/philippe-descola-il-faut-repenser-les-rapports-entre-humains-et-non-humains

https://lejournal.cnrs.fr/articles/philippe-descola-il-faut-repenser-les-rapports-entre-humains-et-non-humains

sans oublier la collapsologie :         

dans Sciences humaines 2 articles :                                                               

en 2017 une critique des visions catastrophistes, surtout anglo-saxonnes                              

https://www.scienceshumaines.com/understanding-collapse_fr_38814.html

en 2019 une analyse des livres de « résilience » de l’équipe autour de Pablo Servigne :

https://www.scienceshumaines.com/une-autre-fin-du-monde-est-possible_fr_40972.html

                                                                                

Quelques réactions et réflexions

très personnelles, à compléter, corriger par celles d’autres participants :

Progrès ou pas ?  Depuis le néolithique il y a 10000 ans nous mangeons mieux, nous nous soignons mieux, nous vivons plus longtemps et mieux, mais ces progrès dans l’agriculture, l’élevage, l’habitat, les transports, le commerce, ont un coût : ils ont fait apparaître des risques nouveaux. Un exemple : le virus de la variole, actif dans des espèces animales, s’est répandu chez les humains du fait des progrès de l’élevage bovin, notamment en Europe depuis le 18° siècle.

Les risques perçus sont-ils les risques réels ? Régis Thyot a souligné les différences de perception des risques et les attitudes qui s’en suivent, perceptions et attitudes qui n’ont rien de rationnel (comparaison des morts en France par les accidents routiers et par les attentats). L’échéance plus ou moins lointaine et la visibilité, la brutalité des effets modifient aussi notre perception et nos craintes (par exemple nos perceptions du dérèglement climatique et de la réduction du nombre d’espèces).

Combien d’espèces vivantes ? on en connait une toute petite partie : environ 2 millions sont connues, mais il pourrait y en exister jusqu’à un milliard, surtout des insectes (dont 1,2 million d’espèces seulement sont connues), des vers, des bactéries, des champignons, sans compter les virus, à la limite du monde vivant.

Quelle extinction d’espèces ? celle en cours n’est pas la première, il y en a déjà eu cinq depuis 500 millions d’années, et à chaque fois des espèces se sont adaptées, d’autres sont apparues. Mais l’extinction en cours est inquiétante par sa rapidité ; il y a 60 millions d’années les dinosaures ont mis des dizaines de milliers d’années pour disparaître, l’extinction actuelle se réalise en 1 ou 2 siècles : face au dérèglement climatique, aux pollutions, à la destruction de milieux naturels, à la surexploitation d’espèces animales et végétales, face à ces menaces de plus en plus rapides, les espèces menacées n’ont pas le temps de s’adapter. 

Et notre espèce à nous, est-elle menacée ? personne n’a posé la question ! peut-être du fait de notre position dominante au sein du vivant ? Cette domination est liée à une utilisation ancienne de la biodiversité, des biens et des services qu’elle nous fournit, une biodiversité que nous avons cessé de modifier et d’exploiter de façon souvent ignorante, inconsciente et dangereuse pour notre avenir. Hélène Soubelet a bien montré que notre mode de vie avait des impacts sur la biodiversité, mais les petits gestes quotidiens suffisent ils ? les choix éclairés des consommateurs feront ils changer rapidement les producteurs, notamment les multinationales ? comment les pouvoirs publics, à tous les niveaux, peuvent ils encadrer, réglementer, limiter les « lois » du marché ? la dimension personnelle, comportementale, quotidienne est importante mais les actions collectives, associatives, politiques le sont tout autant : autant de questions pour de prochains débats.

Le 9.10.2020, Jacques Descamps

  

                                                                          

https://reporterre.net/Philippe-Descola-La-nature-ca-n-existe-pas

jdescamps

Laisser un commentaire