Rencontre des acteurs régionaux autour de « sciences, innovation, société »

Rencontre des acteurs régionaux autour de « sciences, innovation, société »

Arras, jeudi 13 février 2020 :

Organisée par Ombelliscience à l’Université d’Artois, la rencontre des acteurs régionaux autour de « sciences, innovations, société » a réuni plus d’une centaine de participants

 Attention ! Ceci n’est pas un compte rendu mais quelques réflexions une semaine après la rencontre, quelques impressions fortes, informations et questions importantes et quelques pistes pour notre Comité.

Pour un compte rendu plus complet voir sur le site d’Ombelliscience :

https://www.echosciences-hauts-de-france.fr/articles/rencontre-sciences-innovations-societe-un-foisonnement-d-echanges-d-idees-et-de-projets

Impressions d’ensemble :

    Je craignais une « grand – messe », un défilé de responsables politiques, universitaires, administratifs, aux discours prévisibles : ils étaient présents mais discrets et surtout submergés par plus de 120 participants associatifs, centre sociaux culturels, médiathèques, fablabs, musées (souvent petits), professionnels de la médiation scientifique qui apportaient leur expérience concrète. L’organisation de la journée leur faisait la part belle : tables rondes très ouvertes, speed dating, stands. Les poids lourds des grandes agglomérations ne dominaient pas, la plupart des participants venaient de petites villes, de villages ou de groupements de communes du rural profond, la soif de culture (au sens très large du mot, y compris la culture scientifique) est présente partout, et les initiatives pour y répondre sont nombreuses. Par rapport à l’objectif officiel « comment intégrer les sciences et techniques à l’action culturelle ? » et du point de vue de la participation, en quantité et en qualité, cette première est une réussite.

Des précisions, des informations, des questions nouvelles (au moins pour moi) :

  Quelques distinctions utiles : 

La vulgarisation, c’est ce que font des journalistes spécialisés («Science et vie» etc) pour différents niveaux de lecteurs (enfants, ados, adultes éclairés etc), ce que font aussi certains universitaires, beaucoup moins qu’en Grande Bretagne où cela semble normal pour un prof de fac. Ce n’est pas une tâche facile : il faut à la fois être au top dans sa discipline et compren-dre les enjeux sociaux de la recherche. car souvent la demande du public est : « pouvez vous nous expliquer simplement pourquoi c’est compliqué ? ». Du fait de la spécialisation de plus en plus fine des scientifiques un besoin nouveau est apparu  : la vulgarisation devient indispensable entre scientifiques, même entre disciplines voisines.

La valorisation, c’est donner de la valeur, financière ou autre, immédiate ou différée, aux produits de la recherche : publications dans des revues, dépôts de brevets, édition, partenariats avec des entreprises, des instituts (exemple : plateaux expérimentaux), numérisations, décisives pour les trésors qui dorment (U. d’Artois archives des Ecoles normales, CNAM outils anciens).

La médiation correspond à des métiers (bibliothécaire, conservateur, animateur culturel, guides, etc) mais elle concerne maintenant tous les échanges entre sciences et société(s). Cela ne passe pas toujours par une démarche scientifique : cela peut passer par des voies imprévues, des détours artistiques, ludiques ou manipulatoires : à St Omer une docteur en assyriologie a fait pétrir l’argile aux enfants qui ont découvert les tablettes et l’écriture cunéiforme. A Calais, au musée de la dentelle, pour préparer la semaine des maths la responsable a surmonté son impression de « n’être pas légitime » : à partir des cartons Jacquard et avec l’aide des profs du Lycée Professionnel, les jeunes ont abordé le binaire, le numérique en classant les cartons.. Des musées, même modestes, de tous types (arts, traditions populaires, archéologie, techniques et industriels, etc..) prévoient une approche scientifique, avec des médiateurs spécialisés.      

                                                      

   Une question très ouverte : comment justifier socialement les dépenses consacrées à la recherche fondamentale, le choix des terrains et des priorités ?

Dit de façon plus directe : l’assyriologie (l’étude historique de l’Assyrie, l’actuel Iraq, du 18° siècle au 6° siècle avant JC), c’est utile ou futile ? Les universitaires doivent justifier les choix de ce qu’ils cherchent ou enseignent. Mais la justification par le « plaisir de comprendre » suffit elle ?

Deux pistes de réponse :

que nous montre l’histoire des sciences ? le remplacement de la bougie par l’ampoule électrique à la fin du XIX° siècle n’a été possible que grâce aux recherches « inutiles » et même « futiles » (cf les expériences de « magie » dans les salons) démarrées un siècle plus tôt (Franklin, Volta, Cavendish, Faraday..). Des recherches fondamentales aujourd’hui, apparemment « gratuites », peuvent s’avérer très utiles par la suite (cf physique moléculaire et technique des matériaux).

.- quelle démarche susciter ? pas seulement dans le public captif des scolaires, et pas seulement si l’on a un haut niveau scientifique : provoquer l’étonnement, la curiosité, le questionnement, ne pas se limiter au langage mathématique, utiliser le langage commun, les images, vidéos et surtout oser dire « je ne sais pas « , « je ne comprends pas« , travailler sur les méthodes (observation, hypothèses, procédures, mesures, confrontations, vérifications etc;;), distinguer le « pourquoi ? » et le « pour quoi ?« … On peut ainsi espérer trouver le plaisir de chercher, d’avancer, et même de comprendre.

Des ouvertures, des pistes pour le Comité laïque du Nord :

   Pas abordées dans les ateliers où j’étais : les sciences de l’homme et de la société, grandes absentes des efforts de vulgarisation, valorisation, médiation. Leurs frontières avec les sciences de la matière et de la vie sont de plus en plus conflictuelles (cf les neurosciences dans les sciences de l’éducation) ou poreuses (cf biologie génétique et anthropologie..), dans tous les cas des vues transversales sont nécessaires.

  Sciences, techniques et société(s) : l’image des sciences et techniques dans les opinions publiques, la réception des sciences par les entreprises, la société, les pouvoirs publics, les ignorances réciproques entre scientifiques et grand public… autant de thèmes à aborder pour promouvoir les démarches rationnelles dans tous les domaines. Reste à discuter des démarches possibles : partir des savoirs ? partir des questions de la société ?

                                                                                                                                              J.D. le 21.2.2020

jdescamps

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